Arrivés massivement en France dans les années 20 par la région bordelaise,(1) ramassés par les enfants des écoles durant la seconde guerre mondiale, durement traités par les produits chimiques depuis, on avait cru les doryphores en voie de régression [article d'Alain Fraval dans la revue Insectes en 2001].C'était une illusion! avec le réchauffement climatique, les revoilà en force, notamment dans les grandes régions productrices au nord de la Loire.
Ce fut également le cas dans les deux parcelles de notre association . Alors, que faire? traiter? avec une efficacité limitée mais des effets nocifs assurés? C'est alors que Jean-Pierre, jardinier expérimenté et adepte du jardinage au naturel, s'est proposé pour mettre en oeuvre le seul véritable moyen de lutte efficace : le ramassage manuel des doryphores adultes et des larves, et la destruction des oeufs au revers des feuilles. Ayant pratiqué cette méthode manuelle et naturelle dans son jardin depuis quelques années, il a constaté la quasi disparition des coléoptères.
En effet, un doryphore adulte peut vivre jusqu'à deux ans. L'hiver venu, il s'enterre assez profondément, entre 20 et 40 cm selon la région et le climat. Au printemps, dès que la température à son niveau d'enfouissement atteint 14 °, il sort à la recherche de nourriture. Cela se passe en général vers la mi avril.
Quelques temps après l'accouplement, la femelle pond ses oeufs d'une belle couleur orangée- une trentaine- sur la face intérieure des feuilles. Les larves éclosent une semaine plus tard. Dodues, de couleur orange vif tachetées de noires, elles dévorent littéralement les feuilles des plants de pommes de terre en quelques jours. Tout va très vite : en deux semaines, la larve connait trois mues, puis s'enterre pour se transformer en nymphe. Au plus tard, deux semaines après, ces nymphes donnent de nouveaux doryphores adultes. Ainsi, vers la mi-juillet, nous rencontrons tous les stades possibles du doryphore : l'ancien adulte encore vivant, les oeufs, les larves, les nymphes et les nouveaux adultes qui vont passer bientôt l'hiver enfouis dans le sol. Si on ne fait rien, on le voit, le terrain est infesté pour longtemps.
C'est avec beaucoup de courage et de persévérance, que Jean-Pierre s'est lancé dans cette lutte. Quel travail ! un passage une fois tous les deux jours, plusieurs heures par champ, pour traquer les oeufs dissimulés sous les feuilles, capturer les doryphores adultes qui se laissent tomber sur le dos de façon à cacher leur belle livrée jaune à rayures noires pour se fondre dans la couleur du sol....En fin de compte, Jean-Pierre estime avoir collecté sur la saison près de 22 000 doryphores!
Jean-Pierre, chapeau et un grand merci!
1)Voir l’article de juillet 2009. Cette invasion de doryphores fait penser à l'actuelle invasion du frelon asiatique à partir du sud de la France depuis 2004. Dans les deux cas, nous nous en sommes aperçus trop tard et il devient impossible d'éradiquer la progression .
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