mardi 17 décembre 2013

Bicentenaire de la mort de Parmentier (1813-2013)

Parmentier, l’inventeur de la pomme de terre ! Afin de faire adopter au plus vite ce nouveau légume par la population française, il fit garder, de jour seulement, un champ planté de pommes de terre aux portes de Paris, de façon à ce que les Parisiens soient tentés ,de nuit, de les dérober et ainsi de les adopter. Belle et tenace légende composée fin XIXe siècle lorsque la IIIe République avait besoin de héros populaires pour écrire une version républicaine de l’histoire nationale.
La réalité des faits est un peu différente mais néanmoins, et véritablement, la vie et l’œuvre d’Antoine Augustin Parmentier sont admirables et bien supérieures à cette historiette légendaire.
Ce savant des Lumières, apothicaire et agronome, a su mettre sa recherche scientifique au service du bien public. Soucieux des problèmes sociaux de son temps, famines et épidémies, il rechercha sans cesse le meilleur moyen pour mieux nourrir le peuple, réussi à persuader les responsables politiques, de Louis XV à Napoléon, de développer l’hygiène pour éviter la propagation des maladies. Il connut de son temps une certaine notoriété mais ne s’est jamais enrichi.
Sa participation à un concours lancé par l’Académie de Besançon en 1772 le révéla au grand jour. Cette Académie qui sollicitait les chercheurs sur le meilleur moyen de lutter contre les famines récompensa le rapport de Parmentier (conservé dans cette ville) plus pour sa rigueur scientifique que par le choix de la pomme de terre, choix  pratiquement présent dans tous les autres rapports.  Parmentier ne s’intéresse pas uniquement à la pomme de terre, mais également à la châtaigne, aux maladies du blé (il écrit en 1783 un  traité sur les blés en Poitou).
En 1772, la pomme de terre est cultivée en France mais le plus souvent destinée aux animaux. Cette plante a alors le « mauvais œil », elle est accusée de tous les maux dont la propagation de la lèpre..Le Parlement de Besançon en a interdit la culture.  Plusieurs nobles –savants éclairés- ont déjà tenté de la populariser pour les hommes, en vain. Parmentier dans son rapport cite ces ouvrages et déclare que la « pomme de terre se trouve maintenant partout ». Il réussira à convaincre, et cela, de plusieurs manières :
-         Il rappelle que « nos soldats ont considérablement mangé des pommes de terre dans la dernière guerre, ils en ont fait excès sans avoir été incommodés ; elles ont été ma seule ressource pendant plus de 15 jours et je n’en fus ni fatigué, ni indisposé» [il fut fait prisonnier 15 jours par les Prussiens qui le nourrissaient uniquement d’un brouet à base de pommes de terre].
Aux Sablons, Parmentier reçoit la visite du Roi Louis XVI
-         La fameuse expérience des Sablons en 1786-87(actuelle commune de Neuilly, actuel espace du Jardin d’acclimatation). Le roi Louis XVI féru des sciences de l’époque, lui accorde quelques arpents pris sur le champ de manœuvre des Sablons à l’ouest de Paris pour y cultiver des pommes de terre à la vue de tous, Parisiens comme habitants de Versailles tout proche où se trouve la cour. Il s’agissait de montrer au peuple incrédule, que l’on pouvait faire pousser ces tubercules dans ces sols réputés pauvres. Le champ est labouré le 15 mai 1786, il n’est pas gardé spécialement pour tenter les Parisiens contrairement à la légende. Le 24 août, Parmentier cueille un bouquet de fleurs violettes de pommes de terre et court l’offrir au Roi et à la Reine à Versailles. Ces derniers  les adoptent  et les arborent fièrement, qui à la boutonnière qui dans sa chevelure. La scène se déroule devant la cour, le pari de Parmentier était gagné.
-         Par de nombreux écrits (on lui en connaît une centaine) et articles de journaux où il explique aux ménagères l’art d’accommoder les pommes de terre (bouillies, cuite à la cendre, en purée…il n’y a pas encore de frites). 


Statue de Parmentier à Neuilly (près des sablons)
Ce bienfaiteur de l’humanité, qu’il a été commode de populariser comme inventeur de la pomme de terre, meurt un peu dans l’indifférence le 17 décembre 1813 (la situation militaire française est mauvaise, on s’attend à l’invasion de l’ennemi). Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise le 21. Des statues de lui existent à Neuilly et dans sa ville natale de Montdidier en Picardie.